• Au revoir - un film de Mohammad Rasoulof (2011)Noura est une jeune avocate iranienne qui n'a plus le droit d'exercer. Son mari, journaliste "contestaire", a dû fuir la région pour aller travailler avec son frère dans le sud de l'Iran. Noura est enceinte et ne veut plus de cette vie où elle se sent étrangère dans son propre pays. On la suivra dans des démarches pour obtenir un passeport pour elle et son mari...

    "Au revoir" est un film sombre, glauque, comme la vie de Noura, prisonnière en tant que femme dans une société très inégalitaire, éloignée de son mari et enceinte en sachant que son futur bébé aura de fortes déficiences intellectuelles. Noura ne rêve plus que d'une chose : fuir ce pays qui l'emprisonne dans un statut de mineur, qui lui interdit d'exercer le métier d'avocat, dont la liberté d'expression est ignorée (son mari est recherché par la police à cause de ses écrits). Pour mieux vivre et comprendre la détresse et l'enfermement physique et intellectuel que vit Noura, Mohammad Rasoulof met en parallèle une tortue d'eau enfermée dans un petit aquarium. Un jour, Noura remarque que le bocal fuit. En-dessous de l'aquarium elle y met un plateau pour que l'eau ne s'écoule pas. Chaque jour, elle remet le nécessaire d'eau manquant. Jusqu'au jour où elle décide d'enlever le bocal, de laisser le plateau et d'y mettre tout au tour du papier. La tortue était prisonnière dans un aquarium puis sur le plateau. Noura manque également cruellement de liberté. Une vie oppressante qui nous l'est soulignée par un film sombre, lent, sans musique, avec des plans fixes. Suicide-toi ou prend une cure de rigolade !

    Au revoir - un film de Mohammad Rasoulof (2011)

    Le réalisateur Mohammad Rasoulof a les mêmes problèmes de justice que Jafar Panahi : interdiction de filmer, d'exercer son métier, de quitter le territoire. En Iran, la liberté d'expression n'existe pas et la censure est omniprésente. Le film dénonce pelle mêle les inégalités homme/femme, la liberté d'expression bafouée, la censure, la corruption (toujours un billet par-ci, par-là pour faire accélérer les demandes ou tout simplement pour que l'on s'occupe de sa requête). Avec tout ça, vous comprendrez aisément pourquoi le film est triste et en même temps dur car l'espoir n'existe pas ou si peu.

    Mohammad Rasoulof signe un bon film qui me fait encore froid dans le dos en rédigeant cette petit chronique. Encore un film iranien de qualité, ce qui me parait toujours incroyable vu les problèmes de censure, le peu de moyen mis à disposition. Les cinéastes iranien-ne-s ne baissent pas les bras, merci à vous.

    Avec Leyla Zareh, Hassan Pourchirazi, Benhame Tashakor, Sima Tirandaz, Roya Teymorian, Fereshteh Sadreorafai, etc. 

    Au revoir - un film de Mohammad Rasoulof (2011)

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  • Sortie en salle le 13 mai 2015

    Une femme iranienne - un film de Negar Azarbayjani (2011)Rana est une femme iranienne (!) habitant Téhéran. Son mari est en prison à cause de son associé qui l'a arnaqué. Rana travaille jour et nuit afin de payer les dettes de son mari et pour avoir l'espoir qu'un jour il puisse sortir de prison. La nuit, elle exerce le métier de taxi, uniquement pour femmes afin de ne pas avoir de problèmes avec les hommes et les autorités. Un métier qui l'a conduira à rencontrer Adineh. Cette dernière vient d'un milieu aisé. Elle est harcelée par un père autoritaire qui veut la marier à un cousin. Adineh se sent différente des autres femmes. Elle se fait appeler Eddie et veut devenir un homme. C'est pourquoi il veut fuir l'Iran, se faire opérer et vivre une nouvelle vie dans un pays plus ouvert. 

    Dans un premier temps, lorsque Rana apprend qu'Adineh est transgenre, elle va prendre peur et lui demandera de sortir du véhicule. Elle lui expliquera par la suite qu'elle avait surtout eu peur que derrière Adineh se cachait un homme qui voulait lui faire du mal. Eddie et Rana vont apprendre à se connaitre malgré leurs différences jusqu'à s'apprécier et s'entre-aider l'un-e et l'autre.

    Nous avons affaire à un film très porté sur la société iranienne et en particulier sur les femmes. Rana incarne une femme qui doit mentir à son mari pour le faire sortir de prison car il ne doit pas savoir qu'elle fait taxi. Une iranienne qui conduit est plutôt rare mais qui en plus en fait son métier est très mal vu dans une société dans laquelle les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes. Malgré la gentillesse de sa belle-mère qui vient régulièrement la voir, cette dernière en quelque sorte la surveille, comme si une femme sans homme dans la maison n'était pas capable de gérer sa vie. On verra aussi le qu'en dira-t-on, le carcan des voisins pour qui une femme doit avoir un lien de parenté avec l'homme qui l'accompagne (à un moment précis ou pas). Les femmes sont infantilisées puisque considérées comme inférieures. Eddie se sent homme, a une personnalité forte et rejette ces inégalités. Son père rejette quant à lui cet Eddie et impose qu'Adineh épouse son cousin. Le film est doué d'une morale universelle, celle de la solidarité, de l'entrai-aide, de l'égalité, de l'acceptation de l'autre. Il met bien sûr l'accent sur les différences, sur les discriminations (sur les femmes, sur les transgenres).

    Une femme iranienne - un film de Negar Azarbayjani (2011)

    Ce cinéma (enfin ces cinémas) iranien m'interpelle toujours. Malgré la censure, les difficultés de sortir un film dans une République Islamiste, il y sort régulièrement des films de haute qualité et "Une femme iranienne" en fait partie.  A noter que le film est réalisé par Negar Azarbayjani et produit par Fereshteh Taerpoor, deux femmes qui montrent une nouvelle fois que le cinéma iranien peut être une source d'émancipation pour les femmes.

    Les deux rôles principaux sont superbement interprétés par Shayesteh Irani (Adineh/Eddie) et Ghazal Shakeri (Rana). Sans oublier Homayoun Ershadi (le père d'Adineh/Eddie) qui n'arrive pas à écouter son cœur et pense effectuer le meilleur choix en obligeant sa fille à se marier. Nima Shahrokh Shahi, dans le rôle du frère, va prendre une décision qui changera la vie de sa sœur. 

    Le film a fait un peu polémique en France à cause des traductions, comme le fait d'utiliser "intersexe" au lieu de "transgenre" et surtout de traduire le film en "Une femme iranienne". Qui est la femme iranienne ? Rana ? Que devient alors Eddie ? Un second rôle ? Où est-ce Eddie la femme iranienne ? Bref, cela reste toute de même ambigü mais nul n'est mon intention de faire un procès d'intention à Outplay qui distribue le film en France (spécialisé dans les films LGBTI).

    Une femme iranienne - un film de Negar Azarbayjani (2011)

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  • Into the wild - un film de Sean Penn (2007) Lorsqu'une amie m'a proposé d'aller voir "Into the wild" projeté à l'Hôtel de Ville de Paris à l'occasion d'un ciné-club mensuel, cette année consacré aux films environnementaux, j'ai tout de suite dit oui. Mon premier visionnage s'était déroulé quelques années plus tôt devant un ordinateur portable avec un son très moyen. Ce film mérite vraiment d'être regardé sur un grand écran pour admirer, entre autres, les paysages magnifiques et une photographie impeccable.

    Christopher McCandless, jeune diplômé etatsunien de 22 ans remet en question son avenir tout tracé de futur jeune cadre dynamique. Il rêve ni d'avoir une belle et coûteuse voiture, ni d'une grande maison : il veut simplement vivre heureux, libre, sans contrainte, en parcourant les Etats-Unis avec pour objectif d'atteindre et de parcourir l'Alaska. Ce choix vient de la volonté de refuser cette société consumériste, portée par le dieu dollar. Sa richesse à lui, c'est la simplicité (volontaire), la nature, vivre à la vitesse à laquelle il le souhaite. Dans son périple qu'il parcourt à pied, en stop, dans les trains de marchandise, il fera des rencontres décisives, des personnes qui l'aideront à voir plus clair dans sa tête mais surtout avec lesquelles il créera des liens forts. Image symbolique : juste avant son départ, il léguera tout son argent à une association, brûlera (tout un symbole) les quelques billets qui lui reste, se débarrassera de ses papiers d'identité. Il refuse la société dans laquelle il vit et détruit tout ce qui la lie à elle.  Il s'inspire des écrits de Tolstoï, Henry David Thoreau, Jack London qu'il lit et relit pour encore mieux analyser leurs pensées. 

    Into the wild - un film de Sean Penn (2007)

    Le film est ponctué de flash-back récurent permettant de mieux comprendre ses envies, ses choix. Il est parti pendant deux ans, donnant aucune nouvelles à ses parents et à sa sœur. Christopher qui par la suite s'est surnommé Alexander Supertramp, ne supportait plus l'étalage de richesse de ses parents qui vivaient essentiellement pour le billet vert. Il ne supportait plus non plus les disputes violentes et régulières de ses parents. Il s'était détaché de son père, un homme autoritaire et violent. De forts liens avec sa sœur existaient. Il est parti avec un sac à dos de randonnée, un fusil pour chasser ("tant qu'il y aura des abattoirs il y aura des champs de bataille" ? Citation de Tolstoï).

    Comme je le disais, les photos sont magnifiques, tant de merveilles, de beauté lorsque l'on sort des villes. Un beau moyen de montrer que bien souvent les moments les plus beaux, sont souvent les plus simples et que l'environnement dans lequel on vit y est pour beaucoup. Tous ces lieux magnifiques n'ont pas été encore détruits ou pillés par les humain-e-s,Into the wild - un film de Sean Penn (2007) il y a encore de l'espoir alors ? Une musique qui nous accompagne durant tout le film, souvent avec une guitare et un chant et qui est restée gravée dans mon cerveau bien après la fin du film. Il y a des similitudes avec "Wild" de Jean-Marc Vallée de par son côté aventure, paysages, nature, l'envie d'autre chose. Un film qui fait réfléchir sur la simplicité, sur la décroissance (même si ce n'est pas directement dit), sur la solitude, la liberté, sur les choix que l'ont fait (souvent dictés par les proches, la société). Que veut-on faire de notre vie et pourquoi ?

    Emile Hirsch (Christopher McCandless) est tout simplement génial dans son rôle d'idéaliste qui révolutionne tout dans sa tête. Il fait passer des émotions intenses : oui, on peut pleurer de tristesse mais aussi de joie. On ressent dans son personnage une telle sensibilité qu'on vit beaucoup d'émotion à travers lui. Le couple de hippie qu'il rencontrera est fabuleux, il refuse aussi une vie morne et normée. Et que dire de ce vieux monsieur qui a perdu sa femme et son fils dans un accident de voiture plus de 30 ans plus tôt ? Grâce à Christopher, il revivra. Les parents de Christopher vivront dans l'angoisse perpétuelle, ne sachant pas où se trouve leur fils, s'il va bien. Son père se rendra compte de l'amour qu'il lui porte et regrettera ses comportements violents et autoritaires.

    Un bô, bô film qui fait réfléchir (pas non plus un film militant), qui fait passer beaucoup d'émotions, des images splendides. Que dire de plus ? J'ai beaucoup aimé !

    Ce film est une adaptation du livre "Into the wild" de Jon Krakauer sorti en 1996, relatant l'histoire réelle de Christopher Mc Candless. 

    Avec Emile Hirsch, Marcia Gay Harden, William Hurt, Jena Malone, Catherine Keener, Brian Dierker, Kristen Stewart, Hal Holbrook, Vince Vaughn, etc.

    Into the wild - un film de Sean Penn (2007)

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  • Trouble psycho - un court métrage d'Amor Kamelkam (2014)Projection de deux courts métrages à 15 minutes à pied de chez moi, ce n'est pas tous les jours que cela m'arrive : une grande première ! La MPT (Maison Pour Tous - et Toutes ! -) Gérard Philippe à Villejuif organisait le samedi 16 mai une projection de deux courts-métrages français en présence des réalisateurs et des comédiens.

    Le premier court métrage "Prétexte(s)" m'ayant moyennement inspiré, entre hip hop, amour, nuit, noir et blanc, couleur, montage, je passe directement à "Psycho trouble". C'est la première réalisation d'Amor Kamelkam qui propose un thriller psychologique avec pas mal de défauts mais qui tient tout de même la route. 

    Clark Santiago un tueur en série qui a passé 15 ans dans un hôpital psychiatrique, vient d’être libéré par un comité d'experts. Le hasard le fera croiser un autre tueur qui fait partie d'une organisation secrète. Les enquêteurs Nevo, Nass Hanna, John et Zak Arta, essaieront d'élucider une succession de crimes à travers la France. Ils vont devoir regrouper toutes les pièces du puzzle pour comprendre cette énigme qui nous entraîne dans le côté obscur des services secrets.

    La trame du film est intéressante, un thriller à rebondissement mettant en scène des situations macabres. Une belle musique fort en intensité et en émotion. Des prises de vue qui valent le détour. Ce court métrage a de bons atouts. Mais certains points du film sont bancals comme le son de la musique trop fort (je n'ai pas pu comprendre certaines répliques), des personnages auxquels on a du mal à s'identifier et qui ne sont pas toujours crédibles, des scènes de crime bien trop soft pour un thriller (certainement dû au budget limité) et une fin dont je ne suis pas sure d'avoir compris. Il manque vraiment des moments de frisson, ce qui est un comble pour un thriller ! :-)

    Amor Kamelkam a réalisé le film tout seul sauf la musique composé par Don Satis.  C'est un homme polyvalent ! Il est parti à l'assaut du festival Trouble psycho - un court métrage d'Amor Kamelkam (2014)de Cannes en essayant de proposer son premier court métrage.

    En résumé, "Trouble psycho" propose de bonnes idées mais qui auraient eu besoin d'être mieux travaillées, plus tournées vers l'action, pour que ce court métrage ait une chance de suivre un long parcours. Bon courage. A noter que l'affiche du film est fort réussie.

    Avec Farid Larbi, Alexandre Wagner, Daniel Lobé, Maxime Meri, Lassana Lestin, Jeremy Nahmiash...

    Durée : 27 mn

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  • TOWANDA # 1 est enfin disponible !Quelle joie de vous annoncer la sortie du premier numéro du fanzine Towanda ! disponible depuis le 18 mai 2015. Au sommaire : des comptes rendus détaillés du FEST' festival 2014 à Paris (courts métrages de genre), du Bloody movies 2014 à Villejuif (projection d'un court métrage, d'un film et d'une série, sur le thème du cinéma horrifique à la médiathèque municipale) et du Festival de Femmes en résistance 2014 à Arcueil (projection de documentaires féministes), une longue interview de David Carville du fanzine Délivrance (cinéma de genre, bis, etc.), un article sur le nouveau cinéma Sud-Coréen, de nombreuses chroniques de films (fictions, documentaires, courts, moyens et longs métrages) et de fanzines, des news et des photos de la Zombie Walk qui s'est déroulée le 8 novembre 2014 à Paris.

    48 pages A5, en noir et blanc, photocopiées.

    2 euros + 1,5 euro de frais de port mais un échange avec ton (fan)zine est également le bienvenue. :-)

    Le règlement peut s'effectuer par paypal ou par chèque. Dans le cas d'un paiement par chèque, merci de me contacter pour que je puisse vous communiquer mon adresse postale. 

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    TOWANDA ! # 1 est enfin disponible !


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