• La belle et la meute - un film de Kaouther Ben Hania (2017)

    Sortie en salle le 18 octobre 2017

    La belle et la bête - un film de Kaouther Ben Hania (2017)Tunis. Mariam, 21 ans, rencontre Youssef lors d'une fête étudiante. Un peu plus tard dans la soirée, elle est agressée sexuellement par trois policiers. D'abord avec Youssef, puis toute seule, Mariam va lutter jusque dans ses derniers retranchements pour pouvoir porter plainte contre ses agresseurs.

    Le film est une adaptation libre du livre autobiographique "Coupable d'avoir été violée" de Meriem Ben Mohamed. Nous suivons le calvaire de la protagoniste qui essaie coûte que coûte de se faire entendre afin de pouvoir déposer une plainte au commissariat. Son chemin est semé d'embûches. Comme il arrive bien trop souvent lors de viols, les victimes deviennent aux yeux des "autres" les coupables, leurs paroles étant bien trop remises en question dans les sociétés patriarcales dans lesquelles nous vivons. Mariam subira dans le commissariat l'intimidation, la violence et luttera jusqu'au bout pour se faire entendre. Sa ténacité, son envie de justice l'amène à surpasser ses peurs.  

    L'action se déroule en pleine post révolution. Youssef en a été l'un des partisans et veut que justice soit faite à Mariam. Il l'encourage pour que ses droits soient respectés. Mais Mariam n'est pas une suiveuse, elle luttera pour elle. Youssef n'aura été que l'élément déclencheur. Même si Mariam se retrouve seule face aux policiers, agresseurs pour certains, complices ou indifférents pour d'autres, elle a un soutien dans le commissariat ce qui évite de faire tomber le film dans un manichéisme primaire et il donne ainsi une certaine touche d'espoir.

    La belle et la bête - un film de Kaouther Ben Hania (2017)

    Les scènes sont filmées caméra au poing, dans des plans séquences ce qui donne une volonté de continuité dans les interactions, dans les mouvements, dans l'action. La réalisatrice Kaouther Ben Hania qui signe son troisième long métrage, n'a pas souhaité filmer la scène de viol. Cette décision me parait intelligente car elle évite un surplus d'émotion dans ce film déjà bien intense, pas besoin d'en rajouter et encore moins de faire l'étalage du traumatisme subi par Mariam. Cela appuie l'idée qu'un viol est une atrocité, pas besoin d'images chocs pour avoir de la compassion et de soutenir les victimes. Elles doivent l'être, point barre.

    "La belle est la meute" est une belle réussite malgré quelques imperfections. Un film politique qui amène les spectatrices et spectateurs à se questionner quant aux inégalités liés au genre, aux abus de pouvoir, à la violence d'Etat et de ses représentants. Lorsqu'un film donne des pistes de réflexion, c'est déjà un film intéressant. La culture, les arts sont pour moi un bon moyen pour mettre en lumière d'une façon subtile ou pas, une réflexion, un débat, un contexte qui est par essence politique. Un film engagé et féministe très fort en intensité et à soutenir. Lors du dernier festival de Cannes il a été présenté dans la section Un Certain Regard (film atypique ou réalisateur/réalisatrice peu connu)

    Mention spéciale à Mariam Al Ferjani (petit interview en vidéo, voir un peu plus bas) qui fait une excellente interprétation dans un rôle polyvalent et difficile à jouer. Elle a déjà joué dans un court-métrage de Leyla Bouzid (la réalisatrice du réussi long métrage "A peine j'ouvre les yeux" sorti en 2015).

    Avec : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda, Mohamed Akkari, Chedly Arfaoui, Anissa Daoud, Mourad Gharsalli, etc.

    La belle et la bête - un film de Kaouther Ben Hania (2017)

     

    Interview de la comédienne Mariam Al Ferjani :

    Bande annonce :


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