• Free Angela and all political prisoners – un film documentaire de Shola Lynch (2012)"Féministe, communiste, militante du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, proche du parti des Black Panthers, Angela Davis est accusée en 1970 d’avoir organisé une tentative d’évasion et une prise d’otage qui se soldera par la mort d’un juge californien et de trois détenus. Elle devient alors la femme la plus recherchée aux Etats-Unis. Arrêtée, emprisonnée, jugée, condamnée à mort, elle sera libérée faut de preuves et sous la pression des comités de soutien internationaux dont le slogan est free Angela !"

    Grâce à des images, des vidéos d’archives, des interviews actuelles d’Angela Davis, sa sœur, des amies, son avocat, entre autres, Shola Lynch réalise un “thriller documentaire passionnant” (dixit Télérama !) et instructif. Il est peut-être utile de préciser que dans les années 1960/1970, les Noir-e-s aux Etats-Unis étaient considéré-e-s comme des humain-e-s de seconde zone, un racisme d’Etat qui les cantonnaient dans la pauvreté. Le Black Panther Party (BPP) portait son programme sur l’éducation, l’égalité et au final, la plupart des gens retenait  les armes mises volontairement en avant afin de montrer que les Black ne se laisseront plus faire et ne seront plus assassiné-e-s comme l’ont été Malcom X et Luther King, deux icônes  ayant lutté pour l’égalité des droits civiques avec des stratégies différentes. Le BPP offraient des petits déjeuners à des milliers et des milliers d’enfants pour qu’ils aillent à l’école le ventre plein et puissent se concentrer durant les cours. Il incitait les enfants à aller à l’école afin que l’instruction leur permette de sortir de la pauvreté. Mais qui le sait ? Les médias mainstreen, l’Etat Etats-Unien préfèrent donner une version guerrière et néfaste en ne parlant que des armes comme attaque (et non comme défense), assez étrange dans un pays où les armes sont en libre en circulation.  De nombreux membres du BPP ont été tués, emprisonnés... afin que le mouvement disparaisse. Le FBI a réussi son travail (comme il l’a fait avec les Indiens, les communistes, etc.) mais il n’a pas tué la conscience des Noir-e-s qui ont continué le combat différemment.

    Grace à l’acharnement et à  un soutien international (manifestations, pétitions, événements dans le monde entier), AngelaFree Angela and all political prisoners – un film documentaire de Shola Lynch (2012) Davis, contre toute attente, a été déclarée non coupable et libérée sur le champs. Elle a sauvé sa vie et a regagné la liberté, chose que de nombreux membres du BPP n’ont malheureusement pas eu, tant l’acharnement du FBI sur le BPP a été omniprésent. Angela Davis avait contre elle le président Nixon, le gouverneur californien (à l’époque) Ronald Reggan, le FBI, pour ne citer qu’eux.

    Le deuxième DVD comprend des bonus très intéressants avec une interview de 40 minutes d’Angela Davis,  une conférence, sa participation à une avant-première du documentaire à l’Utopia (cinéma indépendant) de Toulouse, un poème de soutien à Angela Davis de Jacques Prévert lu par sa petite fille et la bande annonce. L’intégrale du DVD dure environ 3 heures. Angela Davis s’est battue et se bat toujours pour l’égalité pour tou-te-s, contre toutes les discriminations, contre les dominations de toute sorte, soutient les prisonniers politiques et remet en question le système carcéral qui  ne devrait pas avoir comme mission de punir. Elle est aussi antispéciste et végane car les animaux sont dominés, exploités, torturées par l’espèce humaine, elle l’explique dans d’autres travaux.

    “ Free Angela and all political prisoners” est un documentaire percutant et très fort, bien mené, entre révolte, dégoût et espoir. A voir absolument. Power to the people !

    Si vous souhaitez davantage d’information, je vous conseille l’excellent livre “Panthères noire, histoire du Black Panther Army” et “Femmes, race et classe” d’Angela Davis .  

     

    Free Angela and all political prisoners – un film documentaire de Shola Lynch (2012)

    Dates clés (extrait du digipack) :

    - 26 janvier 1944 : Naissance d’Angela Davis à Birmingham, Alabama.

    - 1965 : Angela quitte les Etats-Unis pour faire des études de philosophie à Francfort.

    - 1969 : Après avoir rejoint l’Université de San Diego en 1968, elle intègre l’UCLA en tant que professeure de philosophie, puis est renvoyée en cours d’année pour cause d’activisme et de communisme.

    - 7 août 1970 : Une prise d’otages visant à libérer George Jackson, un jeune prisonnier, tourne mal. 4 personnes dont le juge sont abattues. Angela, qui est membre du comité de soutien à George Jackson, est accusée par le FBI d’avoir procuré les armes qui ont permis ce coup de force.

    - Août 1970 : Suite à cette accusation, elle part en cavale. Recherchée par le FBI elle est l’une des 3 personnes les plus recherchées des Etats-Unis.

    - 13 octobre 1970 : Le FBI la retrouve dans un hôtel de New York. Accusée de meurtre et d’enlèvement, elle est condamnée à mort, et emprisonnée en attendant son procès.

    - 27 mars 1972 : Ouverture du Procès d’Angela Davis.

    - 4 juin 1972 : Après 6 changement de juges, un procès fleuve, un mouvement mondial de libération, Angela Davis est acquittée, par un jury exclusivement blanc, après 17 mois de prison.

    - 2013 (date de sortie du DVD) : Angela Davis continue sa lutte contre l’oppression à travers le monde.

    Free Angela and all political prisoners – un film documentaire de Shola Lynch (2012)

    Shola Lynch et Angela Davis

    Bande annonce :

     


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  • Sortie en salle le 27 janvier 2016

    Les délices de Tokyo - un film de Naomi Kawase (2015)De nos jours à Tokyo, Sentaro s'occupe seule d'une petite boutique de préparation et de vente de dorayakis, des pâtisseries traditionnelles qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits. Un jour, Tokue, une femme de 75 ans, se présente à la pâtisserie pour répondre à une annonce qui propose une place d'employé-e pour seconder Sentaro. A cause de son âge, ce dernier refusera poliment. Tokue repassera et laissera à Sentaro une boîte de pâte de haricots rouges confits préparée par elle-même. Sentaro n'aura jamais mangé une aussi bonne pâte, lui, qui au lieu de la préparer, l'achète toute faite pour gagner du temps et surtout parce qu'une telle pâte est difficile à obtenir. Wakana, une collégienne, a l'habitude de manger des dorayakis dans l'échoppe et récupère régulièrement les pâtisseries ratés (pas présentable à la vente) que lui donne le patron. Lorsque Tokue revient une nouvelle fois, Sentaro accepte de l'embaucher. Tous les deux se donneront rendez-vous chaque matin avant le lever du soleil afin de préparer la pâte de haricots rouges confits puis les dorayakis. Grâce à l'excellent goût de la pâte, les client-e-s affluent dans la boutique...

    La bande annonce  m'avait intriguée et j'en avais apprécié l'ambiance. Ce
    film dégage une grande intensité d'émotion avec des personnages très humains, centré sur les échanges malgré la forte introversion de Sentaro due à des gros problèmes qui se sont déroulés dans la passé. Trois personnages principaux et centraux et trois générations différentes qui se trouvent liés entre eux avec comme dénominateur commun cette pâtisserie.  Ils vont apprendre à se connaître, à s'entre-aider, à découvrir leur lourd passé, à s'écouter, à ne pas se juger, à se comprendre.

    Les délices de Tokyo - un film de Naomi Kawase (2015)

    Tout est exprimé dans le calme, la douceur, la superbe photographie représentant cet état avec les images extérieurs du ciel, des arbres, des saisons qui passent. Chaque plan est calculé au millimètre, un grand travail de cadrage, rien n'est laissé au hasard. Le restant du film se déroule dans la pâtisserie, entre la préparation, la vente, les échanges avec les client-e-s.

    La bande originale colle extrêmement bien au film avec des morceaux mélancoliques au piano, accompagné par d'autres instruments. De revoir la bande annonce avec la musique et les images m'ont donné la larme à l'oeuil.

    Naomi Kawase réalise avec "Les délices de Tokyo" qui est une adaptation du roman "An" de Durian Sukegawa, un film extrêmement beau, simple, sincère, fin et touchant. Il sera sans aucun doute dans mon top 10 pour l'année 2016. 

    Avec Masatoshi Nagase, Kirin Kiki, Kyara Uchida, Miyoko Asada, Etsuko Ichihara, Miki Mizuno, etc.

    Les délices de Tokyo - un film de Naomi Kawase (2015)

    Bande annonce :




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  • Sortie en salle le 14 octobre 2015
     
    Allemagne 1965-1977, de la bataille des images à la lutte armée.
     
    Une jeunesse allemande - un film documentaire de Jean Gabriel Périot (2015)"La Fraction Armée Rouge (RAF en allemand), organisation terroriste d’extrême gauche, également surnommée “la bande à Baader” ou “groupe Baader-Meinhof”, opère en Allemagne dans les années 70. Ses membres, qui croient en la force de l’image, expriment pourtant d’abord leur militantisme dans des actions artistiques, médiatiques et cinématographiques. Mais devant l’échec de leur portée, ils se radicalisent dans une lutte armée, jusqu’à commettre des attentats meurtriers qui contribueront au climat de violence sociale et politique durant “les années de plomb”.
     
    La jeune démocratie de l’Allemagne de l’Ouest des années 60 est embarrassée par son passé nazi et étriquée dans son rôle d’avant-poste de l’impérialisme et du capitalisme face à son double communiste. La génération de l’après-guerre, en plein conflit avec ses pères, cherche sa place. En 1966, c’est l’explosion du mouvement étudiant. Le pas de deux qui se danse entre les étudiants et le gouvernement dégénère et radicalise ceux qui y participent dans un déploiement progressif de violences et de contre-violences. De cette jeunesse bouillonnante vont surgir la journaliste Ulrike Meinhof, le cinéaste Holger Meins, les étudiants Andreas Baader et Gudrun Ensslin et l’avocat Horst Malher. Fin 68, lorsque le mouvement étudiant s’effondre, ceux-ci restent isolés dans leur radicalisme et cherchent désespérément les moyens de continuer la lutte vers la révolution.
     
    En 1970, la RAF (Rote Armee Fraktion ou Fraction Armée Rouge) est fondée, ses militants disparaissent dans la clandestinité. L’Etat comme les sympathisants semblent circonspects. Les premières actions de la RAF, comme les réponses de la police, relèvent d’une certaine improvisation. Arrive alors 1972 et c’est la cassure irrémédiable : la RAF commet, en moins d’une semaine, cinq attentats de grande ampleur faisant de grandes victimes.

    Une jeunesse allemande - un film documentaire de Jean Gabriel Périot (2015)

    Dans son combat contre ce mouvement terroriste, l’Etat s’engage dans une politique de réaction jusqu’au-boutiste. Les morts s’accumulent de chaque côté, celui de la RAF – dans et hors les prisons – celui de l’Etat (policiers mais aussi hommes politiques ou gouvernants) et surtout du côté de civils anonymes. Toutes les voix qui questionnent à la fois le sens politique et moral de ce combat de la Fraction Armée Rouge ou qui osent critiquer le choix du tout répressif du gouvernement fédéral deviennent progressivement inaudibles.
     
    L’automne 77 marque l’apothéose sanglante de cette histoire – qui est aussi une guerre d’images : le gouvernement ne cède ni au chantage de la RAF demandant la libération de ses prisonniers en échange de la vie du président du syndicat patronal Schleyer qu’ils ont kidnappé, ni à celui d’un commando palestinien acquis à la cause de la RAF ayant détourné un avion de tourisme allemand.
     
    La même nuit, l’avion est pris d’assaut sur l’aéroport de Mogadiscio et les otages libérés tandis que les derniers membres fondateurs de la RAF encore en vie, sont retrouvés “suicidés” en prison et Schleyer abattu par ses kidnappeurs."
     
    En lisant l’introduction ci-dessus extraite de l’intéressante brochure deUne jeunesse allemande - un film documentaire de Jean Gabriel Périot (2015) presse, vous aurez une biographie partielle et du point de vue de l’auteur, c’est à dire le réalisateur du film documentaire “Une jeunesse allemande”, Jean-Gabriel Périot. Ce dernier propose 93 minutes d’images d’archives de façon chronologique sur le mouvement contestataire des étudiant-e-s, une présentation des fondateurs et fondatrices de la RAF puis les années RAF du début des années 70 jusqu’en 77.  Le film propose des images provenant surtout de la télévision allemande, vous n’y verrez aucune narration, ni de voix off. Dans les années 60 et 70, les “jeunes” n’ont pas confiance en leurs aîné-e-s qui pour beaucoup ont participé aux jeunesses hitlériennes, certains sont au gouvernement, d’autres sont leurs parents ou leurs professeurs. Pour ces jeunes de gauche qui rêvent d’égalité, de liberté, leur avenir est incertain dans une société capitaliste, impérialiste et avec un passé récent effroyable. Certain-e-s se sont engagé-e-s dans le journalisme (Ulrike Meinhof), d’autres dans le cinéma (Holger Meins) et ont essayé à leur manière de faire évoluer la société allemande. Lassent de ne voir aucun changement, une poignée de personnes ont décidé de rejoindre la lutte armée avec pour objectif de détruire les valeurs capitalistes, impérialistes et autoritaires. Mais le peuple réagit toujours négativement face à une telle violence  d’où un soutien rare de la part de la population. L’Etat allemand réprime, même celles et ceux qui émettent des doutes, qui s’interrogent sur le bien fondé, ou pas, de la lutte armée. Il est important d’échanger, de se questionner sinon la dictature de la pensée ou la loi du plus fort est en vigueur. Ce n’est pas parce que l’on essaie d’analyser les idées fondamentales d’un groupe de lutte armée que l’on soutient leurs faits et gestes. A noter qu’à cette période ("les années de plomb”) il existait des groupes de luttes armées comme en France avec Action Directe ou en Italie avec les Brigades Rouges.
     
    Une jeunesse allemande - un film documentaire de Jean Gabriel Périot (2015)Jean-Garbiel Périot, réalisateur de nombreux documentaires, propose avec “Une jeunesse allemande” un film intéressant qui manque certes de commentaires mais il a fait un énorme travail de recherche et de montage grâce aux archives, ce qui permet d’avoir de nombreuses informations. Mais ça ne reste qu’un documentaire de 93 minutes, me laissant tout de même sur ma faim. Il y a tant de choses à dire...
     
    A noter que sur le site internet du réalisateur vous pouvez visionner un certain nombre de ses documentaires, notamment “The devil” (7 minutes, sur l’oppression des noir-e-s aux Etats-Unis et les Black Panters) programmé juste avant “Une jeunesse allemande”. 
     
    La bande annonce :
     
     

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  • 10949 femmes - un film documentaire de Nassima Guessoum (2014)"A Alger, Nassima Hablal, héroïne oubliée de la révolution algérienne, me raconte son histoire de femme dans la guerre, sa lutte pour une Algérie indépendante. Charmante, ironique et enjouée, elle me fait connaître d'autres combattantes, Baya et Nelly. A travers ses récits, l'Histoire se reconstitue à la manière d'une grand-mère qui parlerait à sa petite-fille. Chaque année, je lui rends visite. Ce film donne à voir cette transmission de la première à la troisième génération." Nassima Guessoum

    Ce documentaire de 75 minutes a été projeté à la MPT (Maison Pour Tous) Gérard Philippe de Villejuif (94) dans le cadre de la 9ème édition du Festival ciné regards africiain qui s'est déroulée du 20 au 29 novembre 2015. Nassima Guessoum réalise avec "10949 femmes" son premier vrai documentaire. Elle a vécu à Villejuif et a fréquenté régulièrement cette même Maison Pour Tous qui propose différentes activités. Après la projection, elle a présenté son film et a répondu aux nombreuses questions du public.

    Nassima Guessoum a suivi pendant 5 ans Nassima  Hablal, en l'interviewant chez elle lors de ses voyages en Algérie. Nassima Hablal est née en 1928. A 16 ans, elle milite pour l'indépendance de l'Algérie. Elle fait partie de ses nombreuses femmes algériennes (10.949 !) qui se10949 femmes - un film documentaire de Nassima Guessoum (2014) sont battues pour que l'Algérie soit décolonisée et que le pays soit enfin libre face à l'oppresseur français. Elle a été secrétaire du FLN (Front de Libération Nationale) et a fait de la prison pour son engagement politique. Avec beaucoup d'humour, de dérision, elle raconte son histoire, celle d'une femme qui a vécu toutes ces années pour la révolution et uniquement pour elle. Elle parle aussi de ses désillusions à cause de problèmes internes au sein du FLN. Après l'indépendance de l'Algérie, Nassima prendra le large et arrêtera toutes activités militantes. Par son intermédiaire, nous ferons connaissance de deux autres militantes FLN : Baya et Nelly. Nassima et Baya parle de la torture subie lors d'interrogatoires et des viols collectifs subis par Baya. N'oublions pas que la guerre d'indépendance de l'Algérie a été une véritable boucherie au niveau de la torture : phénomènes semblables à toutes les guerres. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de guerre propre.

    Au début du film, Nassima Hablal a 80 ans et semble être en pleine forme hormis quelques pertes de mémoire. Au fur et à mesure, nous la verrons s'affaiblir et encore plus après le décès de son unique fils. Ce documentaire est le témoignage d'une femme militante sur la révolution algérienne et aussi sur le vieillissement même si cet aspect parait secondaire, plus anecdotique.

    10949 femmes - un film documentaire de Nassima Guessoum (2014)Grâce à la forte personnalité de Nassima Hablal et d'une réalisatrice qui a su restituer cette personnalité, "10949 femmes" est un film-documentaire émouvant, avec des touches drôles et aussi tristes. On sent une forte complicité entre l'héroïne et la réalisatrice ce qui laisse une emprunte particulière. D'un autre côté, l'humour et la dérision prend une telle importance qu'elle est (trop) privilégiée par rapport au récit même. Malgré toutes les qualités de "10949 femmes", j'aurais aimé plus d'information sur les opérations de Nassima Hablal, sur la guerre en elle-même, etc. Mais comme le disait si justement Nassima Guessoum lors du débat, si on en veut plus, il suffit de lire des bouquins sur le sujet. Très bonne réponse ! :-)

    Le film a été projeté dans de nombreux pays notamment des festivals et sortira en salle en France en mars 2016.

    10949 femmes - un film documentaire de Nassima Guessoum (2014)

    Interview de Nassima Guessoum sur France 24 :


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  • Sortie en salle le 30 septembre 2015

    Lamb - un film de Yared Zeleke (2015)Suite à la sécheresse qui sévit en Ethiopie (Afrique de l'Est), la mère d'Ephraïm, un garçon de 9 ans, décède. Pour subvenir à leurs besoins, son père part à la ville chercher du travail, laissant son fils et Chuni, une brebis, dans de la famille qui habite dans une autre région, dans les montagnes. Il lui promet de revenir lorsqu'il pleuvra à nouveau. Ephraïm et Chuni sont inséparables. Leur relation lui permet d'oublier un peu la dureté de la vie : décès de sa mère, éloignement de son père, adaptation difficile auprès des membres de sa famille. Ephraïm aime cuisiner mais son oncle Solomon lui interdit, prétextant que seules les femmes cuisinent. Il a du mal à aider à la ferme car il n'a pas d'expérience. Il préfère cuisiner (lorsque son oncle travaille), préparer des samossas aux légumes pour les vendre ensuite dans une ville voisine (après des heures de marche). Avec l'argent récolté il projette de prendre le car avec Chuni pour aller retrouver son père mais tout ne se passe pas comme prévu car des enfants le raquettent. Malgré tout et avec acharnement il retourne en ville et vend des plats préparés par lui-même au marché. Les fêtes arrivent et Solomon veut qu’Ephraïm sacrifie sa brebis pour célébrer cette fête. Ephraïm moyennant de l’argent confie Chuni pendant quelque temps chez un vendeur de mouton. Peu à peu des liens se tissent avec Tsion, l’aînée de Solomon et Azel (épouse de Solomon). Tsion aime lire et passe beaucoup de temps dans la lecture de journaux et à réfléchir. Elle créé un potager qu’elle arrose avec de l’urine (alternative en cette période de sécheresse). Ses parents veulent qu’elle se marie rapidement. Quant à Tsion, son souhait est d’aller à l’université et non de se marier.

    Lamb - un film de Yared Zeleke (2015)

    Quelques semaines après la sortie au cinéma de  “Difret” de Zeresenay Berhane Mehari, un nouveau film éthiopien sort en France. La production du pays étant rare, on peut dire que l’année 2015 est une année faste pour le cinéma éthiopien. “Lamb” est le premier long métrage de fiction pour le réalisateur Yared Zeleke qui a réalisé plusieurs courts métrages, des films documentaires et a travaillé pour le réalisateur Joshua Litle sur le documentaire “Hip-hop le monde est à vous” récompensé par plusieurs prix. 

    Ce qui m’a le plus marqué dans un premier temps c'est la beauté des images et des paysages, me rappelant par moment le film “Tumbuktu” du mauritanien Abderrahmane Sissako, les cadrages aussi sont excellents. On baigne dans une succession de belles images et c’est un régal pour les yeux et l’esprit. A travers Ephraïm on y voit la difficulté de vie dans un pays où la pauvreté est très présente mais le film ne fait niLamb - un film de Yared Zeleke (2015) dans le sensationnel, ni dans le misérabilisme et encore moins dans le jugement. Les traditions veulent que les femmes se marient jeunes et Azel démontre que toutes les femmes n’acceptent pas la situation et elle préfère quitter le cercle familial pour fuir le sort qui lui est réservé. Ephraïm fait tout pour que Chuni, la brebis, reste en vie car il ne veut pas que son amie soit tuée pour sa viande. Par le biais de Chuni on pourra penser à tous ces animaux dit d’élevage qui sont élevés puis tués dans les abattoirs alors qu’ils auraient voulu vivre, eux aussi. Comme le dit Azel dans le film, on peut trouver des protéines autrement que dans la viande... alors pourquoi manger des animaux ?

    Ephraïm est très attachant de par sa ténacité à vouloir sauver Chuni, à essayer de comprendre Azel. Le jeune Rediat Amare qui joue son rôle est très bon, notamment dans les expression du visage, notamment les yeux.

    Au-delà des images magnifiques, l'histoire est belle, en toute simplicité, comme peut l'être un peuple montagnard en Ethiopie. Pas d'histoire à rebondissement (ou si peu), pas d'effets spéciaux... juste un beau film marquant et touchant, c'est déjà pas si mal ! :-)

    Avec Rediat Amare, Kidist Siyum, Wolela Assefa, etc.

    Lamb - un film de Yared Zeleke (2015)

    Bande annonce :


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