• Le dernier roi d'Ecosse - film de Kevin Mac Donald (2006) En 1971, Nicholas Garrigan (James Mc Avoy) est un jeune médecin Ecossais fraîchement diplômé. Il décide sur un coup de tête de partir loin, très loin, un peu pour fuir sa famille et surtout pour vivre une grande aventure loin de son pays. Il débarque dans un village Ougandais en plein coup d'Etat pour une mission humanitaire. Il rejoint le Docteur Merrit (Adam Kotz) et son assistante (et épouse) Sarah (Gillian Anderson... x-files !). Malgré une équipe médicale très réduite et à du matériel médical rudimentaire,  ils essaient tant bien que mal à soigner les villageois-e-s. Alors que Sarah et Nicholas se déplacent en voiture, des militaires les arrêtent car ils sont à la recherche d'un médecin pour soigner Idi Amin Dada, le nouveau président de l'Ouganda qui vient d'avoir un accident de voiture. C'est ainsi que Nicholas ferra sa connaissance. Quelques jours plus tard Idi Amin Dada l'invitera dans son "palais" pour lui proposer de devenir son médecin personnel. Impressionné par sa prestance, son bagout, le fait qu'il puisse être utile à la "reconstruction" de l'Ouganda, Nicholas accepte.  

    Le dernier roi d'Ecosse - film de Kevin Mac Donald (2006) Nicholas va rejoindre le cercle très fermé du président. Il aura une maison, une BMW lui sera offerte, il participera aux fêtes du président. Tout est fait pour que Nicholas se sente bien, loin, très loin de l'agitation et de la violence qui se déroule dans le pays. Nicholas est naïf, très naïf. Il est impressionné par Adi Amin Dada. Il ne se rend pas compte que derrière l'humour, les belles paroles se cachent un homme profondément parano, manipulateur, assoiffé de pouvoir et que c'est un dictateur en puissance. Pour garder le pouvoir il est prêt à tuer (ou plutôt à faire tuer), détruire tout ce qui pourrait lui barrer la route : opposants, critiques, suppositions, etc. C'est un homme malsain et malade. Nicholas s'en rendra compte mais tardivement lorsqu'un membre du gouvernement disparaîtra. Il ne lui restera plus qu'une seule issue : fuir l'Ouganda en se débarrassant au préalable d'Amin.

    Ce film est tiré du roman éponyme de Giles Folden, basé sur des faits réels mais Nicholas Garrigan est un personne fictif. Par contre Idi Amin Dada est malheureusement vrai. Il a pris le pouvoir de l'Ouganda le 25 janvier 1971 sur un coup d'Etat, soutenu au début par l'occident car son prédécesseur Obote était jugé trop socialiste. Entre 1971 et sa chute en 1979, Idi Amin Dada aura été responsable, entre autre, de la mort de 300.000 ougandais-e-s, de l'expulsion de 50.000 Indo-Pakistanais-e-s, de nombreuses tortures. 

    Le dernier roi d'Ecosse - film de Kevin Mac Donald (2006)

    Un film réussi même si on a du mal à croire à autant de naïveté de la part de Nicholas. Il est parti en Ouganda en ne connaissant rien du pays, en se faisant berner par la première personne charismatique qu'il y rencontre... certainement pensait-il que son statut social et le fait qu'un blanc fasse de l'humanitaire en Afrique était amplement suffisant pour ne pas à avoir à se poser de questions.  

    A plusieurs reprises des membres des services secrets anglais entrent enLe dernier roi d'Ecosse - film de Kevin Mac Donald (2006)
    contact avec Nicholas, certainement que le réalisateur souhaitait faire un lien entre l'Ouganda et l'Angleterre (l'Ouganda est une ancienne colonie anglaise). Un moyen comme un autre de montrer que l'Angleterre et une partie de l'Occident sont toujours au coeur des affaires africaines...

    Ce qui est remarquable dans ce film hormis l'histoire terrifiante, c'est le jeu des acteurs. Tou-te-s sont à la hauteur. Forest Whitaker dans Adi Amin Dada joue parfaitement un rôle très difficile, où il doit faire ressortir le côté obscur et manipulateur, presque en transe par moment. Mais les autres ne sont pas en reste...

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  • The other - film de Robert Mulligan (1972)Eté 1935, dans une ferme du Connecticut (Etats-Unis), Niles (Chris Udvanorky) et Holland Perry (Martin Udvanorky), deux jumeaux d'une dizaine d'années passent leurs vacances à jouer. Ils sont élevés par leur grand-mère (Uta Hagen) depuis le décès de leur père et suite à une forte dépression de leur mère (Diana Muldaur). Niles est un garçon gentil, affectueux tandis qu'Holland est dominateur et a un fond pervers. Une perversité qui l'amènera à tuer plusieurs personnes, pas toujours volontairement mais toujours avec comme dénominateur commun une envie de nuire. 

    De fil en aiguille, nous apprendrons qu'Holland est décédé depuis plusieurs mois. La grand-mère de Niles lui avait proposé de faire comme si Holland était toujours vivant afin de lui rendre la vie moins difficile mais Niles a joué le jeu jusqu'au bout, jusqu'à être persuadé que son jumeau est toujours vivant. Mais que se passe-t-il dans sa tête ? Est-ce que la mort d'Holland l'a fait sombrer dans la folie ?

    J'ai tout de suite pensé à "Psychose" d'Alfred Hitchcock, la schizophrénie étant l'élément central du film. Dans les deux cas nous la découvrons au fur et à mesure ce qui rend le film intriguant, affolant et la fin digne d'un "psychose" !

    The other - film de Robert Mulligan (1972)

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  • Remue-ménage dans la sous-traitance - film documentaire d'Ivora Cusack (2010)Produit par le collectif 360° et même plus.

    Remue-ménage dans la sous-traitance - film documentaire d'Ivora Cusack (2010)J'ai vu le documentaire lors de sa première projection dans une salle culturelle et politisée il y a quelques années. Le documentaire d'ailleurs n'était pas encore tout à fait fini, des retouches ont été faites par la suite. Quelques années plus tard, je découvre le DVD dans la chère médiathèque de Villejuif et l'emprunte sans plus tarder afin de de le visionner au plus vite. :-)

    En mars 2002, en banlieue parisienne, des femmes de chambre employées par la société Arcade pour le compte des hôtels du groupe Accor, se mettent en grève pour demander de meilleures conditions de travail. En effet ces femmes, pour la plupart d'origine africaine, touchent un salaire dérisoire, proche du RSA, avec des horaires non prévus à l'avance, ni le nombre d'heures effectuées. Elles arrivent le matin sans savoir à quelle heure elles rentreront chez elle. Comme le dit une gréviste dans le documentaire : "On sait à quelle heure on commence mais on ne sait pas à quelle heure on va terminer". Elles sont payées à la chambre et non à l'heure, avec une cadence infernale imposée, soit 17 minutes par chambre pour 1,60 euro et des poussières. La plupart de ces femmes luttent pour leurs droits pour la première fois et sont soutenues par les syndicats de la CGT, de Sud et de la CNT et surtout par un comité de soutien qu'il leur viendra en aide du début jusqu'à la fin de leur combat.

    Nous avons  une présentation de quelques grévistes grâce à des interviews. Ces femmes sont souvent mère de famille, avec un mari qui les soutient ou pas dans leurs luttes. Malgré tout, elle continue le combat afin d'obtenir de meilleurs conditions de travail. Arcade profite que ces femmes aient peu de qualification professionnelle ou / et ne sentent pas toujours à l'aise dans le français parlé et écrit pour les exploiter.

    Remue-ménage dans la sous-traitance - film documentaire d'Ivora Cusack (2010)Dans ce documentaire, nous suivons leurs luttes dans des lieux stratégiques : hôtels du groupe Accor, par exemple, dans lesquelles les militantes et militants réclament leurs droits avec des actions souvent teintées d'humour mais où les revendications sont toujours omniprésentes.

    En 2004, après de nombreuses négociations, ces femmes obtiennent des avancées même si toutes les revendications n'ont pas été obtenues mais elles préfèrent signer un accord, quitte à reprendre la lutte par la suite.

    Mayan Faty, déléguée syndicale est licenciée pour avoir soit disant utilisé trop heures syndicales. On suit sa lutte et Mayan Faty n'hésite pas à rejoindre et à soutenir d'autres salarié-e-s en grève  comme chez Quick, toujours avec le comité de soutien.

    De toutes ces années de lutte, on a finalement en tête qu'elles ont servi à Remue-ménage dans la sous-traitance - film documentaire d'Ivora Cusack (2010)quelque chose, que l'on peut obtenir des avancées mêmes si elles sont longues, très longues à obtenir. Ces femmes sont pleines de dynamisme, d'envie de ne plus se faire exploiter, de ne plus se laisser faire et l'expriment de façon claire, non détournée. Le comité de soutien leur aura apporté une grande aide pour qu'au quotidien, ou presque, leurs luttes soient possibles.

    Un très beau documentaire que je vous recommande de regarder, qui donne de l'espoir même si cela reste une goutte d'eau dans un océan mais la lutte est un élément indispensable pour toute évolution sociale et politique.

    Page du documentaire

    Remue-ménage dans la sous-traitance - film documentaire d'Ivora Cusack (2010)Le collectif 360° et même plus produit et distribue des films documentaires ou expérimentaux qui s’inscrivent dans le champ social et politique. Attachées à la légèreté d’un cinéma direct, réactif et sensible à l’actualité, les cinéastes du collectif réalisent des films en marge de l’industrie cinématographique ou télévisuelle, en adoptant un regard personnel et parfois décalé.
    360° et même plus mène également des activités de transmission (ateliers vidéo), de programmation (cycles « Hors cases ») et de prestations (montages, créations graphiques…).

     

    Pour finir, voici en copier-coller une note intéressante d'Ivora Cusack, la réalisatrice du film-documentaire :

    Remue-ménage dans la sous-traitance s’est écrit au fil du tournage sur une période de plus de 4 ans, puis grâce à un long travail de montage. Lorsqu’en 2002 je me lance dans le tournage au sein de Zalea TV, je suis dans une dynamique de « cinéma direct » et je ne me pose pas la question de faire financer ce projet. En 2010 au moment de la finalisation du film, au sein du collectif 360° et même plus, nous avons toutefois obtenu une aide à l’édition DVD de la fondation allemande Stiftung Menschenwürde und Arbeitswelt.

    Tout débute à Zalea TV* : En 2002, je participe activement à Zalea TV, une télé associative basée à Paris. Boris Perrin qui a commencé à tourner des images autour de la lutte des femmes de ménage d’Arcade/Accor me demande un jour d’aller filmer un évènement auquel il ne peut participer. Ces femmes en lutte m’impressionnent alors beaucoup, et quelques temps plus tard, apprenant que la grève continue mais que personne de Zalea TV ne les suit, je retourne les filmer pendant quelques mois, jusqu’à leur victoire.
    J’ai par la suite gardé contact avec certaines des personnes impliquées dans cette lutte, et un an plus tard, lorsque Mayan Faty est licenciée, je participe à une réunion pour organiser la contestation de son licenciement.

    Reprendre la caméra m’apparaît alors comme une évidence. Pour raconter « l’après », il me faut avoir la même détermination que les grévistes avaient eue. Car évidemment la lutte ne s’est pas arrêtée avec la grève d’une année entière. Une nouvelle phase s’ouvre suite au licenciement de Mayan Faty.
    Je tente au mieux de trouver une position juste avec ma caméra au sein de l’action militante. Le rôle de témoin que joue la caméra appuie l’action, et le conflit du travail « autorise » sa présence dans ces lieux semi-privés que sont les halls d’hôtel.

    Après la fin du conflit autour du licenciement de Mayan Faty, pratiquement 4 ans après le début de la première grève, je retourne voir certaines des ex-grévistes qui acceptent de m’accorder un entretien. Leur mémoire est incroyablement fraîche… Nombre d’entre elles ont cependant refusé de témoigner devant la caméra parce qu’elle trouvaient qu’elles ne parlaient pas assez bien le français.

    Remue-ménage dans la sous-traitance - film documentaire d'Ivora Cusack (2010)

    Vient ensuite le temps du montage au printemps 2006. Comme le tournage, le travail de montage s’étend sur plusieurs années. Boris Perrin et Olivier Azam qui avaient tourné les premières images de la lutte en 2002, me remettent généreusement leurs rushes. Je m’attelle à un gros travail de défrichage, soutenue par le collectif 360° et même plus que nous venons de fonder à Marseille.

    En décembre 2006, lorsqu’une grève se déclenche au Novotel Porte de Bagnolet à Paris, avec des revendications très proches de celles de la longue grève de 2002, je décide de reprendre ma caméra, sentant que cette grève doit aussi faire partie du film. Cette fois-ci, en 7 jours, toutes les revendications (sauf une clause de mobilité) sont satisfaites. La fin du film s’était donc écrite…

    Au sein de 360° et même plus, le projet du film devient collectif.
    Avec Agathe Dreyfus, nous entamons une seconde phase de montage en prenant notre temps, sans pression de délais de production ; nous travaillons le matin sur le film et le reste de la journée sur les autres activités du collectif. Nous montons à quatre mains et nous nous répartissons les tâches : je travaillais par exemple seule de mon côté sur la bande son (étant monteuse son de formation).
    Dans ce cadre souple, dégagé autant que possible des contraintes de production (format imposé, respect d’un calendrier…), nous aboutissons à une forme finalement assez fragile, ni vraiment journalistique ni totalement personnelle.

    L’édition DVD. Suite aux premières projections du film, des personnes nous ont spontanément proposé de traduire le film dans différentes langues : italien, allemand, néerlandais… Le DVD a été entièrement réalisé au sein du collectif (la conception graphique est de Christine Gabory), avec l’aide précieuse de ces traducteurs.trices, pour donner au film une visibilité la plus large possible.

    Bande annonce :

     


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